CLAP’SHION a eu la chance et l’honneur d’interviewer Cookie Kunty sur son rôle dans le film Trois Nuits par semaine de Florent Gouëlou. Ce film raconte l’histoire de Baptiste qui tombe amoureux d’une drag queen, Cookie. Voici la bande annonce
La Cookie Kunty du film est-elle la véritable Cookie ou est-ce un personnage totalement inventé ?
La Cookie du film est un personnage œuvre c’est-à-dire qu’il est inspiré de mon personnage, mon caractère et surtout inspiré de mon esthétique. Mais ce n’est pas la réelle Cookie Kunty, j’ai joué un rôle, et c’est une histoire fictive, je ne pouvais que jouer.
Le rôle a été écrit pour moi, cela a laissé place à une interprétation plus naturelle, plus innée de mon personnage.
Concernant Quentin (Cookie hors drag), tout est totalement fictif.
Est-ce que tu as pu représenter la réalité de la vie des artistes drag ?
Oui ! Le film est assez proche de la réalité de ce qu’un artiste drag peut vivre. J’ai surtout pu représenter la précarité ainsi que les difficultés de cohabiter avec son alter ego. Mais aussi, plus simplement, la place des drags dans la vie et dans la société.
Il y a aussi une partie sur la vie amoureuse des artistes, mais cela dépend vraiment de chacun, je ne pourrais pas dire que c’est une représentation générale.
Est-ce que tu as choisi tes tenues ?
Il y avait une équipe de deux costumiers : Clément Vachelard qui s’occupait des looks en civil et Aurelien Derrico pour les looks en drag. Ils se sont donc occupés de mes looks.
Plusieurs looks sortent tout droit de ma garde-robe car cela correspond parfaitement à l’esthétisme du personnage de Cookie et c’était un gain de temps énorme. Mais bien sûr, quelques pièces ont été créé spécialement pour le film.
As-tu fait tes makeup ?
J’ai réalisé les makeup, évidemment. Tous les matins, les autres drags et moi-même nous maquillions sur le plateau.
Concernant la direction artistique des makeup, elle a été choisie en collaboration avec le réalisateur, le perruquier et les costumiers pour que tout fonctionne avec les esthétiques créés pour chaque look et chaque scène. C’était un vrai travail de brainstorming !
Es-tu fier d’avoir joué un rôle comme celui-ci ?
Bien sûr. Je pense que c’est important de représenter des artistes drag, d’en faire une représentation positive et plus largement, la représentation au cinéma est super importante, cela permet de donner de la visibilité à des minorités (que ce soient des personnes trans, des personnes racisés, avec des identités de genres et sexualités différentes, des statuts sociaux différents), de raconter d’autres histoires. C’est encore mieux lorsque la représentation est réalisée par des personnes concernées.
La représentation au cinéma et dans les médias ne peut être que positif, surtout quand ce sont des sujets qui sont aussi stigmatisés et soumis aux clichés. Cela donne aux gens un aperçu d’autres réalités qui n’est pas la leur.
C’était important pour moi de jouer mon rôle d’artistes et de comédien, tout en sachant de quoi je parlais. C’était chouette de pouvoir le faire et clairement ICONIQUE de pouvoir jouer mon propre rôle au cinéma.
Qu’est ce que tu penses de la représentation des artistes drag au cinéma/ dans les médias ?
La représentation est encore infime, surtout celle des drag king. C’est malheureux mais ils ne sont quasiment pas représentés. Les drag queen commencent à avoir une belle représentation en France et c’était déjà le cas aux Etats-Unis.
Encore une fois, cette représentation est nécessaire pour être juste, déstigmatiser pleins de questions et déconstruire pleins de sujets.
Cette performance t’a value une nomination aux Césars, c’est une réelle reconnaissance pour ce rôle. Est-ce quelque chose que tu avais en tête ou que tu espérais ?
Je suis très fier d’être nominé en révélation masculine aux Césars. C’est un honneur de pouvoir être dans cette liste de révélations et aussi de représenter ma communauté dans le cinéma français.
Je ne m’y attendais pas du tout, c’était inespéré. La nomination n’était pas du tout convoitée en faisant le film, j’étais déjà très heureux de pouvoir parler de nos vécus et de notre vie d’artiste. Voir que cela est reconnu, c’est vraiment un honneur.
