Ombre

Interview de Edith Vesperini , Costumière Cinema

  • Qu’est-ce que le métier de costumière ?

« On lit d’abord le scénario, on s’imagine les vêtements que l’on peut y trouver. Pour cela on fait des recherches. Ensuite on discute avec le metteur en scène pour bien valider si l’on est sur le même chemin. Car avant tout la costumière est là pour faire vivre les idées du metteur en scène.

La costumière lui fait donc plusieurs propositions pour pouvoir mettre en place sa vision.

Lorsque la costumière et le metteur en scène se sont mis d’accord, il faut ensuite créer un budget costume.

Dans un film, il y’a un visuel qui correspond à l’époque. Selon le caractère et le style du personnage c’est à ce moment-là que l’on peut faire des propositions de tenues pour chaque personnage. »

  • Comment confectionnez-vous l’ensemble des costumes pour une production

« On voit tout d’abord tout ce qui existe déjà pour le louer, cela fournit un tier des costumes. Ensuite, on achète, parfois des choses que l’on peut transformer. Il suffit parfois d’une couture ou d’une boutonnière en plus pour atteindre le costume parfait.

Pour le film Vanghog de Maurice Pialat (1991) : Il y avait énormément de costumes d’hommes, et on pouvait trouver des costumes d’hommes des années 40 en friperies que l’on ne trouvait pas chère, il suffisait de les raccommoder et de rajouter une boutonnière

Il suffisait de créer les chemises, mais les vestes et les pantalons étaient parfait pour le film.

Et ce qu’on n’a pas, il faut le créer. Il faut d’abord trouver les tissus et ensuite créer un atelier. Il faut des tailleuses, des tricoteuses….

Le problème c’est que lorsque le vêtement est créé il est totalement neuf… »

 

  • Qu’est-ce qui vous a poussé à faire ce métier ?

« J’ai fait des études de couture et travaillé dans le vêtement pour bébé et femme enceinte à mon compte, je les vendais grâce à l’intermédiaire du journal papier

Un ami, reconnaissant mon talent de couturière, m’a demandé de faire costumière sur une pièce de théâtre. Voulant aider mon ami, j’ai donc confectionné tous les costumes de la pièce.

Encore une fois, mon talent se fait remarquer grâce à mon travail cette pièce de théâtre, Une amie m’a demandé de faire costumière pour son film. Et c’est de fil en aiguille que je me suis laissée transporter dans le cinéma.

Ce n’était pas mon souhait, car initialement je ne voulais absolument pas travailler dans le monde du cinéma, le trouvant trop vicieux et superficiel. Mais une fois que je suis tombée dans la soupe, c’était déjà trop tard »

  • Quel est votre type de film favori sur lesquels travailler et pourquoi ?

« Les films d’époque sont les plus intéressants en termes de costumes. On fait réellement appel à la créativité et compétences du costumier. Il y a un réel travail de recherche dans l’histoire et la mode. Il faut bien se référer aux coutumes et modes de l’époque sans pour autant distraire le spectateur avec un détail qui pourrait le perturber.

Aussi, les acteurs ont beaucoup moins la main mise sur leur look, ce qu’ils ont sur un film dit « actuel », car ils peuvent imposer leur goûts et/ou collaborations avec des marques. »

  • Quels sont les aspects les plus compliqués du métier de costumière ?

« Les essais caméra sont très importants car on n’a pas la même perception du vêtement sur écran. Parfois il faut descendre le col d’à peine un centimètre pour que cela rende bien à l’écran et mette en valeur l’acteur(rice). Chaque costume est unique car chaque acteur n’a pas la même morphologie et façon de bouger de se déplacer.

Cela nécessite un œil différent de celui de la simple créatrice de mode.

La recherche et création de vêtements ethniques est aussi très compliquée car on touche à une histoire et un héritage, on se doit de servir des tenues parfaitement. »

  • Que sont des vêtements éthiques et comment les confectionnez- vous ?

« Un vêtement ethnique est un vêtement traditionnel appartenant à une certaine culture, il contient énormément d’histoire et de valeur pour chaque ethnie. Ce qui est spécial avec les vêtements ethniques c’est qu’on essaie de ne pas les confectionner justement ! On fait souvent appel à des musées pour des prêts de vêtements traditionnels. Mais aussi on va directement dans les campagnes et les montagnes retrouver des foyers ou on pourrait trouver des vêtements traditionnels ancien que l’on pourrait leur acheter. Si nous sommes amenés à devoir confectionner ou raccommoder des vêtements traditionnels, nous faisons appel sur place à des couturière de l’ethnie concernée qui connaissent et savent confectionner le vêtement traditionnel. »

 

  • Que faites-vous des costumes après le tournage

« En théorie grande partie les costumes et vêtements utilisés sur un tournage retournent en France, où ils sont stockés ou revendus. Mais on essaie au maximum de donner utiles aux habitants (dans le besoin) aux alentours du tournages des pièces dont ils peuvent avoir besoin ; chaussures, pantalons, vestes. Cela permet de donner au vêtement une seconde vie ou il aura réellement son utilité dans la vie des gens. »

  • Quels sont vos prochains projets ?

« Actuellement je suis en pleine création d’une marque avec mon amie. Le projet se nomme YEYE, c’est une marque dédiée à l’enfant et plus spécifiquement à la femme enceinte et le bébé de 0 à 2 ans. YEYE proposera des vêtements évolutifs avec le temps pour la femme enceinte et l’enfant pour qu’il puisse les accompagner avec leurs changements ; avec un sens éthique (stopper la surconsommation de vêtements) et pratique. La marque proposera aussi des livres d’histoire et jeux ludiques pour bébés mais aussi un site internet avec un forum pour les parents (questions réponses, conseils…). Pour moi c’est un retour à ma passion initiale, la confection de vêtements pour enfants. »

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